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d'Aurevilly écrit, à propos du fanatisme catholique du XVP siècle : « C'est précisément le fanatisme de cette cause à qui tant d'écrivains ont imputé toutes les horreurs du temps, c'est ce fanatisme religieux qui, lui seul, a pourtant arraché le XYI^ siècle à l'outrage mérité du genre humain et qui l'a sauvé du mépris absolu de l'histoire! Oui, le fanatisme religieux, cet horrible fanatisme religieux, comme ils disent! il n'y avait plus que cela qui valût réellement au XVI« siècle ! il n'y avait plus que cela qui vécût, pour l'honneur de l'âme humaine pervertie ! C'est tout ce qui restait de l'ancienne foi chrétienne, de l'enthousiaste amour de Dieu, épousé par le cœur ardent du moyen-âge » (1).

Enfin, même dans ses accents normands, d'Aurevilly met son âme apaisée et sereine lorsqu'il s'agit de la belle nature du pays natal, et son âme indignée et violente quand il est question de ceux qui s'acharnent à changer l'aspect du sol. Là, il s'écrie transporté de joie : « Le puits, — cette chose charmante de forme et d'usage, — autour duquel les femmes font groupe et d'où elles remportent leurs cruches pleines dans leurs bras mouillés » (2). Ici, il fustige avec indignation les nova- teurs du pays : «... La rue de Poterie, qui était autrefois la rue des Ruisseaux, aux flots se tordant sur les pierres polies, — propres, larges, lumineux ! — avec des lavandières sur leurs bords ! Quand une femme n'avait pas la jambe jolie, elle ne pouvait pas dans ce temps-là habiter Valognes ! 7/5 ont fourré des trottoirs de macadam, là où coulaient ces ruisseaux torrentueux et purs ; et, à l'extrémité de cette rue splendidement pavée, ils ont

(1) Les Historiens. 2" série (Quantin. éditeur, 1888)

(2) Relation inédite d'un voyaye en Normandie (décembre 1864).