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Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/259

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liisloire ol 011 politique, elle n'a guère que l'opinion des honinies qu'elle aime, ou son père, ou Benjamin Constant, ou Narljonne. ou tout autre, et elle dit même quelque part que la femme, dentelle juge d'ailleurs très bien la destinée, ne doit pas avoir d'autre opinion (jue celle-là ! Mais eu philosophie morale, la question du bonheur individuel est toute la question pour elle ! Mais en méta- physique et dans la critique littéraire, elle manque de principes arrêtés, du haut desquels on regarde les choses; elle ne sait juger définitivement ni les œuvres, ni les systèmes. Elle ne sait que les caresser! La fixité, le solide établissement de l'esprit dans une idée première, l'impersonnalité, la vigueur objective, la rigueur dans la déduction, toutes ces choses de l'homme, quand l'homme a du génie, M""'^ de Staël ne les connaît pas. Seulement, comme elle est très supérieure, à sa manière, elle a fait aisément illusion sur ce qu'elle n'a pas, avec ce qu'elle a ». Pour toutes ces raisons, Barbey d'Aure- villy l'ange M'"° de Staël parmi les Bas-bleus d'essence noble et respectable: il lui reconnaît une influence positive sur les ronumtiques.

De ces précurseurs. Chateaubriand et M'"^ de Staël, si nous passons aux disciples qui sont devenus des maîtres de la pensée contemporaine, on trouve en première ligne: les philosophes et les écrivains religieux. A leur tête figure le grand Joseph de Maistre. C'est un génie universel : à la fois philosophe par la profondeur des idées, historien par ses études politiques, poète par l'expression, il n'a rien à envier aux plus illustres repré- sentants de l'esprit francjais. On ne s'étonnera pas, dès lors, que d'Aurevilly le considère comme son initiateur intellectuel et le préfère hardiment à Bossuet.

En face d'un tel nom, que pèsent des Lacordaire, des