Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/262

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statue, fùt-clle de Michel-Auge lui-inônie. ni d'une bio- graphie ! Su splendeur, ;ï lui, sort do lui-uienie... Ses vers ! des vers ! ce qu'il y a de plus beau, je no dis pas dans la langue d(>s honuncvs. mais diiiis tnnivsics UnniKcs des honiines, quelles ([ii'cqh's soient, car ni peinlui'(\ ni musique, ni statue, ni monument v\\ pierre^ ou en pros(\ ne valent celte chose surliumaincanent ;idoral)le : de beaux vers ! (Test i)ar la que Laniarline a. régné — incontestable — dans un passé qui n'est pas loin de nous, et qu'il régnera de nienie dans l'avenir le plus éloigné,

— incontesta l:)le ! Je ne sache, en aucun siècle, dans l'ordre des poètes, d'homme plus grand... Sous l'Empe- reur, l'action héroïque, qui est, certes ! une poésie aussi, avait remplacé l'autre poésie. Le canon chantait seul sur son i\ythme terrible... Et quand il se tut, voilà qu'on entendit une voix céleste qui n'avait encore retenti nulle part, pas même dans les clio'urs de Racine, qu'elle sur- passait en inspiration divine et en iiispiriilioii lium;iiii(>.

— et ce fut les Médildtious ! » (1). Immédiatement après Lamartine, — iitfujuo scd j))'oxi-

mus intervallo — vient Alfred de Vigny. « A une époque, en eflfet. — dit le critique, — où la poésie est devenue tellement extérieure que toute son âme a passé par dehors et que les plasticités de Rubens sont la visée commune de tous les poètes, rien de plus curieux et de plus inattendu que ces quelques vers, qui n'ont pas jailli, mais qui sont tombés lentement d'une tète rétléchie comme le sang tombe lentement d'une blessure quand elle est trop profonde poui- dégorger... Et ce n'est pas tout. A une époque encore où les poètes les plus chré-

(1) Les criliqup.s ou les jur/es juffés '^Frinzine, 1886). — Cotisli/tiHoiniel, 26 août 1878.