Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

- 294 -

Elle s'énerve dans ma iiiose... Mais comino un fort poison dans ilos parfums de rose, Klle enivrerait d ins tes vers! (1)

Ces rimes, plutôt faibles, sont précieuses eu un sons : elles laissent deviner le g-enre de relations intellectuelles qui s'était établi entre les deux amis et l'espèce de séduction qu'ils exercèrent l'un sur l'autre. On no sait trop lequel des deux, — l'aîné ou le jeune, — prit le plus d'ascendant sur son compag-non de fêtes et de travail. On ignore également si ce fut Roger de Beauvoir qui fit la conquête de Barbey d'Aurevilly, ou si ce fut plutôt le peintre de VAinou/- Impossible qui s'empara de l'imagi- nation du poète de la Cape et l'Épéc. Il est probal)le seulement que vers 1838 le Parisien éprouvé ne fut pas inutile au Normand sans expérience. Mais, en 1843, Roger de Beauvoir était entré, par la porte triomphale du Chevalier de Saint-Georges, dans la bruyante célébrité des salons etdes boudoirs. Il s'y fût peut-être étiolé, si ses amis, — et en particulier d'Aurevilly, — ne l'eussent décidé à quitter momentanément le théâtre de ses succès un peu tapageurs et à s'exiler en Espagne pour en rapporter bientôt le beau livre qui s'appelle la Porte du Soleil.

Jusque vers 1847, on retrouve son nom associé à celui de Barbey, en maintes circonstances d'exploits mondains

(1; Poussières (éd. Lemerre, 18'J7) p. 4!) et 50. — Ces simples vers, à défaut d'autres preuves, suffiraient à montrer (|ue, — comme V Amour Impos- sible, Ce qui ne meurl pas et presque tonte l'œuvre du romaneier, — La liai/ue d'Annibal fut inspirée à llarbey d'Aurevilly par li' souvenir dou- loureux d'une aventure personnelle. Là, de même que dans la plupart de ses livres, il s'est « écume le cœur ». Et c'est ce caractère trop « itidividuel «  de ses créations romanesques qui l'a empêché d'esercer sur autrui une iniluenre pénétrante et durable.