Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/327

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plus infaillible. De ce jour, le néophyte se prend à avoir confiance en lui-même et à espérer des succès nouveaux plus décisifs encore. Mais quelle désillusion, quel motif de désenchantement, lorsque, la première gerbe de fleurs une fois fanée, une autre gerbe ne la remplace pas et qu'au lieu des capiteux parfums de l'éloge on n'a plus à respirer que l'acre odeur du dénigrement, ou, — ce qui est bien pis, — l'air raréfié du silence presque absolu.

Telle est pourtant la mésaventure qui fut infligée à Barbey d'Aurevilly : tel fut son sort jusqu'à la fin d'une longue existence. Les démêlés du romancier normand avec François Buloz, à propos du Dandysme et de Georges Brummell d'abord, puis, en toute occasion dans la suite et pour ainsi dire sans répit, aliénèrent à jamais à l'au- teur vanté de VAmoiw Impossible les bonnes grâces de la Revue des Deux-Mondes. Le nom de Barbey fut impi- toyablement rayé du tableau d'avancement où l'avait mis, — en excellente posture, — l'article bibliographique de Philarète Chasles, et sa personne fut exclue pour tou- jours des cadres du régiment que commandait, d'une voix de tonnerre, l'autocrate de la littérature bourgeoise.

Par malheur, aucune compensation ne fut ménagée au jeune écrivain. Le Journal des Débats lui devint aussi hostile que la Revue des Deux-Mondes, et le Cor- respondant ne lui offrit point une hospitalité plus large.

Piesteniit à savoir si elle est antéiicure ou |jostérioure au 1" juin 1841. La qiieslioii est difficile à résoudre. Dans sa correspondance avec Trebutien, on voit que Barbey d'.Vurevilly hal)itait 10 bis, rue Ville-l'Evèque, à la fin de ISil id en lS'i2 ; seulement on iiîiiore à quelle époque il s'était installé, coninie il le manda à Trebutien, « dans le plus g:entil boudoir de mon style, entre Mole et Guizot ». Malgré tout, et n'ayant pu savoir à la Revue des Deux-Mondes le nom de l'auteur de la notice sur V Amour Impossible, je persiste à Tattribuer à Philarète Chasles.