Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/391

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mite ou du moins quelque èiccoiiiUmco avec ce talent. Du coup, il s'est trouvé solitaire, par le fait de son tempé- rament trop altier. S'il avait su se contenter de la renommée d'une George Sand, d'un Stendhal, d'un Jules Sandeau ou d'un Octave Feuillet, il eût été vanté par ses contemporains. Seulement, sans parenté intellec- tuelle, sans filiation littéraire, il aspirait dès l'abord à la gloire. Il n'a recueilli que l'obscurité.

Maintenant que la paix est descendue sur le tombeau de Barbey d'Aurevilly et qu'une pure lumière, venue des régions sereines de la postérité commençante, éclaire sa grande mémoire, Theure a sonné d'un jugement plus équitable, sinon décisif. Les contemporains ne pouvaient comprendre ni apprécier, comme il le méritait, le superbe écrivain qui fut à la fois le romancier d'Une Vieille Maîtresse et l'apologiste des Prophètes du Passé : il nous appartient de le mieux pénétrer et de le faire mieux connaître. C'est un homme des âges révolus, qui a droit au respect dont on environne les êtres et les choses que la mort a consacrés. Dès à présent, il est permis d'esquisser à son sujet, — et à son avantage, — le verdict du XX« siècle. Le recul des années est suffi- sant. Dans la lumière des lointains, la figure de Barbey d'Aurevilly a pris toute son ampleur et tout son relief. Elle ne sera point éclipsée par l'ombre du temps qui s'écoule ; elle ne sera pas non plus mieux éclairée par les lueurs fugitives de l'avenir. Aux générations futures elle ne paraîtra pas amoindrie, mais elle ne grandira guère désormais devant le suprême tribunal de la pos- térité. Le moment est donc propice pour la peindre en ses traits saillants et durables.

L'homme fut digne de toute estime. Il était pauvre et