Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/407

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d'im médiocre génie. S'est-il contenté d'achever, de pousser à leur maximum d'expression les traits naturels de sa personne physique et morale ? Ou bien est-ce un masque qu'il s'est composé de toutes pièces el qu'il s'est appliqué ? On ne sait ; et sans doute lui-même ne saurait plus le dire. Si c'est un masque, quel prodige de l'art ! Ah ! comme il tient ! et depuis combien d'années ! secrètement réparé peut-être, mais toujours intact aux yeux, sans un trou, sans une fêlure. Soyez tranquille : la mort le prendra debout, niant le temps, la tête haute, superbe et redressé, et s'épandant en propos fastueux. Quelle force d'âme, quand on y songe, dans cet acharne- ment à garder jusqu'au bout, en présence des autres hommes, l'apparence et la forme extérieure du per- sonnage spécial qu'on a rêvé d'être et qu'on a été ! C'est de l'héroïsme tout simplement, et je vous prie de donner au mot tout son sens. Et si c'est de l'héroïsme inutile et incompris, c'est d'autant plus beau »,

Force, héroïsme et génie : telle est donc également, en dernière analyse, l'opinion de M. Jules Lemaître ; telle est son « impression » finale.

J'ai tenu à citer à cette place les opinions de cinq esprits aussi dissemblables que MM. Paul Bourget, Gustave Gefïroy, André Theuriet, Anatole France et Jules Lemaître. Elles résument très heureusement l'en- semble des jugements qui ont été portés depuis une douzaine d'années sur le romancier du Chevalier Des Touches et le critique des Œuvres et les Hommes. Et ce qu'il y a de plus surprenant, c'est que, bien que motivées différemment selon le caractère propre de chacun de leurs auteurs, elles concordenten définitiveetaboutissent à une même conclusion. Par l'unanimité de leur témoi- gnage, elles annoncent le verdict de la postérité. En