Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/61

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et en rythmes, qui n'ont d'autre ambition que de cadcncer avec harmonie leurs pauvres inventions ? Non. La vraie poésie est une envolée téméraire, toutes ailes déployées, dans les espaces du beau, vers les sommets du rêve et de l'idéal. Elle ne doit même pas se vouer trop exclusive- ment au culte de la forme : là comme ailleurs la pensée domine tout, — mais la pensée brillante, empanachée, portant avec elle, sans qu'il soit possible de l'en détacher, le manteau de pourpre dont elle s'est parée. «...La poésie, — écrit magnifiquement d'Aurevilly, — n'est pap-w jirp .**".■' ;w seulement que dans l'expression littéraire. Elle efst dans "'-^y^ les arts. Elle est dans la nature. Elle est eu^ toutes M. X choses ; — en toutes choses, si abjectes soient-elîeè ;ou c

paraissent-elles l'être aux esprits prosaïques et vulgaires. -^^^EN^ Il ne s'agit que de frapper juste toute pierre, si roulée et même si salie qu'elle soit dans les ornièi-es de la vie, pour en faire jaillir le feu sacré ; seulement, pour frapper ce coup juste, il faut lo suprême adresse de l'instinct qui est le génie, ou l'adresse de seconde main de l'expé- rience, qui est du talent plus ou moins cultivé ». (1) N'est-ce pas, formulé en termes très personnels, tout le programme de l'école romantique ? Aussi comprend-on que l'admiration de Barbey d'Aurevilly se porte du côté des représentants de la pure doctrine de 1830, les Vigny, les Hugo et les Lamartine, et se détourne résolument des Parnassiens.

Il en va de même pour le roman. Le roman ne doit pas être une notation précise et implacable des choses de la vie réelle ; on lui demande la vérité psychologique, la vérité de l'âme, mais la vérité idéalisée. « Non seulement le génie du romancier crée des types, des situations, des

(1) Les Poètes. — Préface, p. II (Amyot, éditeur, 1862).