Page:Grellier - De l’empoisonnement par le tabac chez les bêtes bovines.djvu/21

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propriétaires, dans un but tout économique, ne font pas même construire de hangards spéciaux ou séchoirs, pour suspendre leur produit : ils mettent à profit toute la place qui s’offre à leur disposition : grande imprudence qu’ils ne tardent pas à payer bien cher ! Parfois, en effet, ce sont des granges voisines des étables et que les animaux doivent traverser pour se rendre aux pâturages ou à leur travail. Il arrive même qu’en l’absence de leurs gardiens ils se détachent de l’étable et pénétrant dans ces granges, ils mangent à loisir tout ce qu’ils peuvent prendre. Revenus à leur place, ils ne tardent pas à éprouver les premiers symptômes d’empoisonnement et succombent bientôt, s’ils sont abandonnés à eux-mêmes. D’autres poussent encore plus loin leur imprévoyance : à défaut de granges ils vont placer leur tabac à la partie supérieure des étables et même au-dessus des crèches. On sait généralement que dans nos campagnes les étables sont d’une construction bien imparfaite et surtout qu’elles sont assez basses. Les animaux alors, alléchés par l’odeur pénétrante de cette plante, font tous leurs efforts pour s’emparer de quelques fragments. Quelquefois le vent lui-même, pénétrant dans les étables, agite les feuilles, qui, au moment où la dessiccation a commencé de s’opérer, tombent facilement soit dans la crèche, soit dans la litière, soit enfin parmi les fourrages destinés à la nourriture du bétail. Comme dans les fermes le pansement se fait souvent avant le jour, les bouviers ne s’aperçoivent pas qu’avec la ration destinée à chacun ils donnent une substance nuisible.