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Nicotine. — Cette substance, qui donne au tabac préparé un caractère particulier et des propriétés vénéneuses très énergiques, a été signalée, pour la première fois, par Vauquelin en 1809. Mais ce ne fut que plus tard qu’elle fut isolée à l’état de pureté par Barral, dont les belles recherches ont avancé de beaucoup les connaissances chimiques du tabac ; après lui, Ortigosa, Melsens, Schlewesing et bien d’autres chimistes s’en sont occupés. Le procédé mis aujourd’hui en usage pour l’obtenir est bien simple : il consiste à faire arriver la vapeur du tabac dans de l’eau acidulée par de l’acide sulfurique ; il se forme bientôt un sulfate de nicotine, que l’on décompose par un alcali puissant : il suffit ensuite de chauffer assez pour volatiliser la nicotine. Ce mode de préparation indique suffisamment que les fumeurs, en aspirant la fumée du tabac, introduisent dans l’organisme une certaine quantité de vapeurs de nicotine.


Caractères. — La nicotine est un liquide oléagineux, transparent, incolore, assez fluide, d’une densité de 1,048. Avec le temps, elle brunit et devient épaisse par le contact de l’air, dont elle absorbe l’oxygène. Son odeur est âcre, sa saveur brûlante : chauffée à 250 degrés elle se volatilise, en laissant un résidu charbonneux : les vapeurs qu’elle donne offrent une telle odeur de tabac et sont tellement irritantes, qu’on respire avec peine dans une pièce où l’on a répandu une goutte de cet alcali. Elle brûle avec une flamme fuligineuse et laisse un résidu charbonneux, comme le ferait une huile