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A L’AMPHITHEÂTRE




Maurice Rollinat.


Des boyaux déroulés serpentent sur la dalle.
Les cadavres sont mûrs et même déjà verts.
Un silence pesant règne dedans la salle,
Si pesant qu’on entend presque grouiller les vers.

Un carabin maigre entre et plonge sa main sale
Dans les intestins mous et les ventres ouverts ;
Puis dans un coin ramasse une épine dorsale,
Qu’il dissèque avec soin en récitant des vers.

Il est là, tout entier à sa noire besogne,
Tournant et retournant son morceau de charogne,
Et moi, je le regarde, écœuré, frémissant :

Destin sombre et fatal ! — voilà donc où tu mènes ?
C’est donc là votre fin, jouissances humaines ?
Quelques lambeaux de chair et des caillots de sang.