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Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/101

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Partout je rencontrais, même aux confins des pôles,
Des Juifs chargés d’opprobre et pliant les épaules
Sous les plus vils fardeaux, et portant sur leurs fronts
Les stigmates impurs des plus sanglants affronts.
Cette communauté d’exil et de misère
Allumait à la fois ma joie et ma colère.
À l’aspect de mon peuple en proie au fouet divin,
Je me reconnaissais pour le fils de Caïn :
Œil pour œil, dent pour dent, j’étais de leur engeance ;
Et, songeant au passé, je goûtais ma vengeance.

« Pourtant une pensée en arrêtait l’essor :
Ces Juifs foulés aux pieds étaient heureux encor ;
Ils espéraient ; leurs fils auraient des jours prospères.
Leurs yeux verraient ce Christ tant promis à leurs pères,
Qui devaient rassembler les tribus d’Israël,