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Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/69

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Qui m’isolait du monde et me brûlait les yeux.
Mais, tandis que mon front frappait ainsi les cieux,
Le froid m’envahissait ; déjà sa main livide
M’étreignait ; et bientôt j’étouffai dans le vide.

« Ma femme s’éteignit dans mes bras. Je l’aimais ;
Et quoique cet amour ne s’effaça jamais,
Dieu qui faisait deux lois pour nos deux existences,
Avait disjoint nos cœurs, nos plaisirs, nos souffrances.
Au moins, quand on vieillit ensemble, au coin du feu,
Des injures du temps l’amour s’aperçoit peu ;
On se revoit toujours sous cette même image,
Sous ces traits adorés dans la fleur du jeune âge.
Le passé sur les deux jette son prisme d’or ;
Par leur âme immortelle ils s’adorent encor,