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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/176

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dix ans qu’elle vivait en province, isolée dans sa vie d’intérieur, Suzanne avait absolument perdu l’habitude des conversations mondaines. D’ailleurs, elle ignorait tout des familles retrouvées ; des morts, des mariages, des naissances, des brouilles étaient survenus, et elle n’osait s’aventurer dans des questions maladroites.

Alors, la tête alourdie par la chaleur qui montait, intense, et le bourdonnement des salons, elle tâchait de suivre dans la foule étrangère ceux à qui elle s’intéressait.

Robert, étranger aussi à ceux qui les environnaient, ne pouvait se dérober comme elle. Plusieurs fois, il avait cherché à la rejoindre, avec un désir d’échanger quelques paroles vraiment amicales, après l’abus de politesses qu’il avait dû subir ; mais, très vite, avec une gentillesse fraternelle, Germaine s’emparait de lui, le promenant avec elle, le présentant sans relâche.

Au milieu d’un groupe de jeunes filles, Yvonne semblait avoir recouvré sa tranquil-