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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/235

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écrasement devant son calme, Germaine tenta une explication.

En réalité, tous les grands mots, les sentiments superbes dont Suzanne se repaissait, c’étaient des vieilleries, des phrases creuses, des redites au sens échappé, derrière lesquelles la vie marchait inexorable et vraie. L’honnêteté du mariage, les femmes pures, les hommes fidèles, les sacrifices au devoir ; où voyait-on cela dans la vie ? Pour elle, les devoirs du mariage se résumaient à ceci : la conservation de la fortune commune et de la considération du public. Point de dettes et point de scandales.

Maintenant, elle se rendait parfaitement compte que son mari, un instant épris, à fleur de peau, de sa beauté, ne l’avait épousée que pour la situation sociale qu’elle lui apportait. Pourvu qu’elle sût conserver des dehors irréprochables, que lui importait, au fond, la conduite de sa femme ? Leurs corps étaient complètement étrangers depuis plusieurs années, et leurs esprits n’avaient ja-