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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/36

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s’absorbant dans ses enfants, leurs tendresses délicates la dédommageant de l’amicale froideur de son mari. Il estimait les qualités de sa femme, son bon sens, son ordre, son amour maternel ; il était prêt à reconnaître qu’il lui devait un intérieur paisible, heureux, décent ; mais, il ne lui en avait aucune reconnaissance, puisqu’elle ne faisait que simplement son devoir de femme.

Jamais il n’avait compris les sacrifices qu’elle acceptait pour la paix de leur ménage. Observateur attentif, excepté pour elle, il n’avait jamais aperçu ses malaises physiques et moraux, en niant même l’existence avec une tranquille bonne foi.

Malgré le peu de couleur de sa vie, Suzanne avait voulu la voir heureuse ; puisque d’irréparables malheurs ne l’avaient point traversée et qu’en s’interrogeant, elle pouvait affirmer avoir largement rempli ses devoirs de femme et de mère. Pourtant, vis-à-vis de Germaine, sa délicatesse se chargeait d’un remords : peut-être que si, moins absorbée