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Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/39

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mait dépravante et triste ; il avait une abondante collection des écrits du temps de sa jeunesse, dont, parfois, il revoyait avec plaisir la morale énervante sous des dehors décents, les amours mystiques et désordonnés dont la génération précédente se repaissait.

Germaine s’était plongée avec frénésie dans cette lecture, dévorant avidement, et passant par toutes les existences d’un factice voulu de ses héroïnes, y oubliant la vie réelle et ses inexorabilités.

Enfin, encore une fois, elle s’était lassée, elle s’absorbait jusqu’au mariage dans l’idéal qu’elle s’était créé : une vie très douce, un peu vague, auprès d’un mari qu’elle adorerait et dans lequel, à l’inverse de sa sœur, elle rêvait de s’annihiler.

Suzanne se rappelait ces rêvasseries dont elle avait sourit. Elle aussi, elle avait eu des rêves, et le temps les avait éparpillés. Mais son bon sens avait su s’accommoder de ce qui lui restait ; tandis qu’elle se demandait