Page:Grille - Venale moeurs modernes.djvu/98

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sait rougir, la torturait comme si la faute avait été la sienne.

Cependant, elle saisit un regard furtif qu’Yvonne lui jetait. La jeune fille devinait que la lettre était de Robert, et son inquiétude souffrante se peignait si entièrement sur son visage que Suzanne sentit s’ébranler ses répugnances pour l’entrevue demandée.

Jusque-là, elle n’avait guère songé à Yvonne, toute à l’émoi et à la douleur causés par Germaine. Maintenant, elle considérait la jeune sœur avec pitié, se rappelant les projets confiants qu’elle faisait, la veille encore.

À l’émotion dont Yvonne était envahie, il était évident qu’elle aimait Robert encore plus qu’elle ne l’avouait. Son abandon supposé la ferait sérieusement souffrir.

Alors, Suzanne se sacrifiant céda : elle irait au rendez-vous. Peut-être, Robert, avec son amour, découvrirait-il un biais pour adoucir la cruauté de cette rupture que la jeune fille devait subir, dans une injuste expiation des fautes de sa sœur.