Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/174

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avec nous, qu’ils ont dû donner par erreur le nom de rebec à la gigue, laquelle était plus petite que la vièle, et rendait des sons aigus. Quant à supposer que la rubèbe et le rebec n’étaient pas des instruments identiques, il n’y faut pas songer ; car on ne trouve jamais leurs deux noms dans le même poème, les écrivains du Moyen Âge se servant tantôt de l’un, tantôt de l’autre, pour désigner un seul et même instrument.

Orgues vielles micamon,
Rubèbes et psaltérion.

(Guillaume de Machault, La Prise d’Alexandrie.)


Où estes-vous chantz de linottes,
De chardonneretz ou serins,
Qui chantés de si plaisans notes
Soubz les treilles de ses jardins ?
Où estes-vous les tabourins,
Les doulcines et les rebecz,
Que nous avions tous les matins
Entre nous aultres mignonnetz ?

(Coquillart, Monol. du Puys.)

Ces deux noms ont été employés indifféremment avec celui de rebele, jusqu’à la première moitié du xve siècle :

Merveille est de ce monde comme torne boucle
Et tort et sans renom me chose et rebele
Quar s’um bergier de chans tabore et chalemele
Plus tost est apelé que cil qui bien vièle.

(Des laboureurs, attribué par de Roquefort à Rutebeuf.)


Car, en dançant, tant me lassa,
Que ma muse à bruiant cassa,
Et mes nacaires pourfendi ;
Oncques puis corde ne tendi
Sur tabourin, ne sur rebelle.

(Jehan Molinet. xve siècle.)

Mais à partir de la deuxième moitié du xve siècle, le