Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/190

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directeur du Musée d’histoire naturelle, à Genève. Nous pouvons le reproduire ici,
rebec allemand
Appartenant à M. Bedot de Genève.
(Fin xviiie siècle.).
de face et de profil, grâce à l’obligeance de son heureux propriétaire.

Cet instrument a été trouvé, paraît-il, dans la Forêt Noire. Est-il bien de la fin du xviiie siècle comme le croient certains ? En tout cas, c’est un spécimen très exact du rebec. De face, il rappelle tout à fait la lyra du manuscrit de Saint-Blaise. Sa touche occupe aussi toute la largeur de la table d’harmonie, mais elle va rejoindre les bords en s’arrondissant, au lieu d’être absolument plate et d’avoir des angles droits, comme dans les instruments de David Gérard et de Prætorius. Une tête sculptée se trouve à l’extrémité du cheviller, lequel a la forme de celui d’un violon. Il mesure :

Longueur totale 
550 millimètres.
Largeur maximum 
160
Épaisseur de la caisse 
620

La malice populaire s’était emparée du rebec. L’expression visage de rebec, qui fait allusion aux têtes qui étaient sculptées sur certains de ces instruments, se prenait en mauvaise part :

Elle en mourut la noble Radebec
Du mal d’enfant, que tant me sembloit nice :
Car elle avoit visage de rebec,
Corps d’Espaignol et ventre de Souice.

(Rabelais.)

Il est bon joueur de rebec, se disait d’un homme habile, entendu ; mais sec comme un rebec n’était pas très flatteur. Dans la Comédie des proverbes, pièce comique d’Adrien de Montluc,