Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/214

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sont faites de douze boyaux de mouton, sont de bonne grosseur[1]. »

Il semble résulter de ces explications sur la manière de jouer de la trompette marine que le pouce de la main gauche y était employé comme sillet mobile, système qui a été appliqué plus tard au violoncelle par le célèbre Bertault, de Valenciennes, fondateur de l’école du violoncelle, afin de jouer sur toute l’étendue de la touche. Le dire de Mersenne donne aussi à entendre que l’on se servait des sons dits harmoniques sur la trompette marine ; mais il est probable que les ronflements du chevalet mobile devaient leur enlever de la pureté et les faire paraître légèrement enrhumés.

Mersenne donne deux dessins de trompettes marines, dont l’une est à une corde, et l’autre est montée de deux. Les chevalets y sont très bien représentés, on en remarque même un qui est dessiné séparément tout à côté et qui en fait connaître la forme exacte.

Il fallait un certain tour de main pour bien régler ce chevalet et le placer de façon à ce que le pied frétilleur ne fût ni trop près ni trop loin de la table, car, dans le premier cas, il aurait produit un effet désastreux, et, dans l’autre, sa présence devenait inutile. Les virtuoses inhabiles sur cet instrument, ceux qui par suite d’inexpérience ou de maladresse ne pouvaient le mettre au point, et y obtenir un son convenable, le rendirent bien vite ridicule :


J’ai ri de cette invention des hommes,


dit le savant Glaréan[2] qui en fait une minutieuse description.

Molière, qui ne craignait pas de mettre à la scène les travers de son temps, raille aussi la trompette marine dans

  1. Mersenne. Harmonie universelle, liv. IV, p. 219.
  2. Risi ego machinamentun hominum. Glaréan. Dodecachorden. Bas., 1547, cap. xvii, lib. I, p. 49.