Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/22

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quels ceux de l’Inde ont toujours été en communication ? Cela paraît bien invraisemblable.

En tous cas, jusqu’à ce jour, il n’existe pas d’autre preuve de l’antiquité du ravanastron que la légende, et, en Orient, tout tient du merveilleux.

Pour les Indiens, c’est Brahma lui-même et Seresswati, déesse de la parole, qui ont inventé la musique. Leur fils, le dieu Narada, a complété leur œuvre par l’invention du vina, curieux instrument à cordes pincées, fait d’une tige de bambou et de deux calebasses remplissant la fonction de caisses sonores. Non seulement les instruments y sont toujours d’origine divine, mais la musique y produit les effets les plus extraordinaires.

Les ragas[1] ou chants, composés par le dieu Mahedo et la déesse Parbutéa, sa femme, ont tous un pouvoir magique. — Lorsque Mia-tusine, chanteur fameux du temps de l’empereur Abker, faisait entendre le raga de la nuit, aussitôt le soleil disparaissait et l’obscurité la plus profonde régnait aussi loin que le son de sa voix pouvait s’étendre. — Le raga d’heepuck possédait la funeste propriété de consumer celui qui l’interprétait. Le malheureux Naik-Gopaul, obligé par l’empereur Abker de chanter cet air, étant plongé jusqu’au cou dans la rivière Djemmah, ne l’eut pas plus tôt commencé que des flammes sortirent de son corps et le réduisirent en cendres. — Maid mulaar raug est le nom de la mélodie qui avait le don de faire pleuvoir abondamment ; on raconte qu’une jeune fille étudiant ce chant attira de nombreux nuages et fit tomber une pluie douce et bienfaisante sur les rizières du Bengale. Avait-elle la voix juste ? Hum ! C’est

  1. Le mot raga signifie une passion, une affection de l’âme.