Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/25

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conquête de l’Espagne, et, de là, s’était répandu dans le reste de l’Europe. On donnait comme preuve de ce fait que le violon est encore appelé rabaquet dans certaines provinces espagnoles. Or, bien avant l’invasion mauresque, les bardes bretons cultivaient déjà un instrument à archet connu sous le nom de crouth, lequel offrait plus de ressources que le rebab puisqu’il était monté d’un plus grand nombre de cordes.

D’après une autre version, l’archet aurait été rapporté de la Palestine par les Croisés.

C’est peut-être le contraire qui a dû se produire, et il n’y aurait rien d’impossible à ce que l’archet eût été importé en Orient par les ménestrels, les trouvères et les troubadours qui accompagnaient les princes chrétiens, car ces artistes, poètes, chanteurs et musiciens, pratiquaient les instruments à archet bien avant le départ de Godefroy de Bouillon pour la Terre-Sainte. Il fallait même que ces instruments fussent très répandus en France à cette époque, car ils figurent en assez grand nombre parmi les sculptures de nos belles églises romanes des xie et xiie siècles.

Notre goût pour les fioritures et les ornements musicaux date certainement des Croisades. Quant à l’archet, si l’un des deux belligérants l’a réellement communiqué à l’autre, il y a bien des chances pour que ce soient les infidèles qui aient été appelés à en profiter.

III

Tout porte à croire que les instruments à cordes pincées ont précédé ceux à cordes frottées et que les premiers sont originaires de l’Orient, car de nombreuses harpes, lyres,