Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/256

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fut-elle promptement abandonnée ; et son inventeur, le grand Bach lui-même, qui a beaucoup écrit pour la « viola a gambe » et un peu pour la viole d’amour, ne nous a rien laissé dans ses œuvres si nombreuses, pour la « viola pomposa ».

XII

On a vu que la « viola a gambe », désignée par le numéro 3 sur la planche XX de Prætorius, est montée de six cordes, dont deux, les plus graves, sont filées, c’est-à-dire entourées d’un fil de métal très fin ; et que Mersenne ne fait pas connaître des violes ayant plus de six cordes et n’indique pas non plus s’il y en avait de filées.

D’après Jean Rousseau, ce fut vers 1675, que Sainte-Colombe ajouta la septième corde, afin d’augmenter l’étendue d’une quarte, en même temps qu’il introduisit en France l’usage des cordes filées d’argent. Nous pensons donc que Titon du Tillet commet une erreur en disant : « Pour rendre la viole plus sonore, Marais est le premier qui ait imaginé de faire filer en laiton les trois dernières cordes des basses[1] », et qu’il vaut mieux s’en rapporter à Rousseau, contemporain de Sainte-Colombe, qui en attribue la paternité, en France, à ce dernier.

Nous ne savons si la date de l’adjonction de la septième corde, donnée par Rousseau est bien exacte ; dans tous les cas, déjà en 1675, un gentilhomme est représenté jouant d’une basse de viole montée de sept cordes, dont trois, les plus graves, semblent être filées[2]. Le dessinateur n’a donc pas attendu pour reproduire l’instrument augmenté d’une corde par Sainte-Colombe, et le fini d’exécution

  1. Parnasse français, p. 625.
  2. Costumes du siècle de Louis XIV, Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale.