Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/260

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« Au xve siècle, la viole succède à la vielle à archet que nous trouvons reproduite sur un grand nombre de monuments d’architecture du Moyen Âge ; à partir du xvie siècle, elle se classe déjà en famille. Dès le commencement du xviie siècle, nous constatons l’existence de deux familles différentes et complètes de violes, les violes da gamba (en all : knéegeige) : ainsi nommées parce que les principales se tenaient entre les jambes, et les violes da braccia ou da spalla, ou violons qui se tenaient sur les bras ou contre l’épaule. Les caractères distinctifs des violes da gamba comparés à ceux des violes da braccia, dont la forme s’est assez exactement conservée dans nos instruments à archet actuels, sont les suivants : les violes da gamba sont généralement à six cordes (les violes da braccia n’en avaient que quatre), le manche des premières violes est plus large, il est pourvu de divisions de même que la touche ; le cheviller est presque toujours terminé par une figure sculptée ; les éclisses sont très hautes, les échancrures arrondies et les ouïes de la table découpées en CC[1]. »

C’est à peu près comme si l’on disait que la contrebasse à trois cordes n’est pas de la même famille que la contrebasse à quatre cordes ; ou que le violon et le violoncelle sont de familles différentes, parce que l’un se joue placé sous le menton et que l’autre se tient entre les jambes.

On ne dit pas que les flûtes à une et à six clefs sont de familles différentes, ni que la flûte Boëhm est d’une autre famille que les premières ; mais simplement que ces flûtes ne sont pas du même système, tant pour la perce que pour le nombre et la disposition des clefs.

Les violes aussi étaient de divers systèmes pour le nombre et pour la disposition des cordes ; mais leurs caisses de résonance étaient toutes construites d’après le

  1. Victor-Charles Mahillon. Catalogue descriptif et analytique du musée instrumemal du conservatoire royal de musiquee de Bruxelles, Gand, 2e éd. 1893, p. 213 et suiv.