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belles-lettres et arts de Lyon, prononcé en séance publique le 21 mars 1893[1], le docteur Henry Coutagne a fait la preuve, en comparant le portrait de Duiffoprugcar avec ceux de plusieurs personnalités lyonnaises de la même époque, et dûs également au burin de Pierre Wœiriot, que les chiffres romains figurant sur celui qui nous intéresse indiquent l’âge du modèle, et, les chiffres arabes, l’année où le portrait fut exécuté. Ce qui veut dire qu’en 1562, Duiffoprugcar devait avoir quarante-huit ans.

De plus, Henry Coutagne établit avec des pièces justificatives dont l’authenticité ne peut être mise en doute[2] que ce luthier est né en 1514, à Freising, dans la Haute-Bavière ; qu’il vint se fixer à Lyon vers le milieu du xvie siècle ; que des « Lettres de naturalité » lui furent données en 1558, par Henri II, roi de France, et qu’il mourut en 1570, à Lyon, laissant plusieurs enfants, dont un fils également luthier, ou plutôt faiseur de lutz.

Ce dernier ayant signé « Jehan Duiffoproucart » au bas d’un acte daté de 1585, le docteur Coutagne a cru devoir adopter cette orthographe pour l’écriture du nom patronymique. Or, celui-ci étant libellé : Duiffobrocard, Duiffoprougar, Dufourbourcar, Duyfautbocard, Dieffenbruger, etc., sur les nombreuses pièces citées par l’académicien lyonnais, nous estimons qu’il n’y a aucun inconvénient à lui conserver son orthographe la plus connue, celle qui se voit sur l’inscription du portrait exécuté par Pierre Wœiriot. C’est donc pour cette raison que nous continuerons à nommer notre luthier Gaspard Duiffoprugcar.

C’est bien un homme de quarante-huit ans, aux traits nobles et énergiques, que Pierre Wœiriot a représenté à mi-corps et regardant à gauche ; il a le front découvert, les cheveux ras et une longue barbe qui lui descend jusqu’à la poitrine. Vêtu d’un costume riche, il tient de la main droite

  1. Henry Coutagne. Gaspard Duiffoproucart et les luthiers lyonnais, Paris, 1893.
  2. Archives de la ville de Lyon, etc.