Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/308

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de maître des cérémonies, et frère Edmond Auger, jésuite, bateleur de son premier métier, dont il avait encore tous les traits et farces, dit l’Estoile, conduisait le demeurant[1]. »

Rabelais cite la viole parmi les instruments de musique que Gargantua « apprint » à jouer :

« Gargantua s’esbaudissoit à chanter musicalement à quatre et cinq parties, ou sus un thème à plaisir de gorge. Au regard des instrumens de musique, il apprint jouer du luth, de l’espinette, de la harpe, de la flûte d’alleman et à neuf trous, de la viole et de la saquebute. »

Agricola conseillait déjà, en 1529, d’enlever les sillets avec le couteau, et de jouer d’oreille[2]. Il ne fut pas très écouté, puisque l’on voit encore ces sillets sur les touches des deux basses de viole que nous montre le frontispice de la partition de Médée et Jason, tragédie en musique, dédiée au roy, par Monsieur Salomon, etc., représentée pour la première fois le 24 avril 1713. Parmi les nombreux instruments de musique qui décorent le titre de cet ouvrage, quatre seulement sont à cordes et à archet : un violon, deux basses de viole et une trompette marine.

Encore très en honneur à l’époque où cette partition fut publiée, la viole ne tarda pas à être supplantée par son redoutable concurrent, le violoncelle. Elle trouva bien un défenseur dans l’abbé Le Blanc, docteur en droit, qui publia, mais sans succès, un livre intitulé : Défense de la basse de viole contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncel, Amsterdam, 1740, où il traite le violon d’orgueilleux, d’arrogant, visant à l’empire universel de la musique ; et le violoncelle, un pauvre hère, qui se cache tout honteux derrière le clavecin et dont la condition est de mourir de faim[3].

  1. Ouvrage cité, p. 67 et suiv.
  2. Ouvrage déjà cité.
  3. Fétis raconte que l’abbé Le Blanc ne trouvant pas d’éditeur à Paris, envoya son manuscrit à Amsterdam : « Lorsqu’il apprit que Pierre Mortier consentait à l’imprimer ; il en fut si transporté de joie, qu’on assure qu’il partit pour la Hollande en l’état où il se trouvait quand la nouvelle lui parvint, c’est-à-dire, en robe de chambre, en pantoufles, et en bonnet de nuit. » Biographie universelle.