Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tient lieu. En résumé, cette sarungie est construite identiquement comme notre ancien rebec, avec, en plus, de légers évidements à droite et à gauche pour le passage de l’archet.

Usitée dans le Bengale, principalement dans le district de Moursed, ou Mourched-Abad, l’autre sarungie, celle qui est montée de quatre cordes à boyau et de onze cordes métalliques, est beaucoup plus lourde d’aspect ; le manche y est presque aussi épais que la caisse, et de forme carrée, comme celle-ci. Ajoutons que le nombre de cordes vibrantes de la sarungie varie très souvent, et qu’il est tantôt de cinq, de sept, de onze, ou de treize.

Décrivant les deux sarungies qui se trouvent au Musée du Conservatoire de musique, à Paris, G. Chouquet, dit, non sans raison : « F.-J. Fétis, dans son Histoire générale de la musique, déclare que l’idée des instruments à archet et à double espèce de cordes appartient à l’Hindoustan, et Villers Stuart, en étudiant les peintures murales des monuments de l’antique Égypte, a démontré que, 1 400 ans avant l’ère chrétienne, les Egyptiens montaient de cordes métalliques plusieurs de leurs instruments de musique (V. Nile Gleanings, etc., London, 1879) »[1]. Or, jusqu’ici, rien n’est encore venu fournir la preuve que la sarungie à archet existait 1 400 ans avant Jésus-Christ. L’opinion émise par Fétis est donc très discutable.

Construit d’après les mêmes principes que la sarungie, le « robab » persan, qui figure dans la collection de M. A. Couesnon, est monté de trois cordes en boyau, et de dix cordes en cuivre jaune, attachées aussi à des chevilles placées sur le côté gauche de l’instrument. Le « barbett », encore usité en Afghanistan, possède vingt cordes ; il est de forme à peu près semblable à la sarungie du Bengale. En Birmanie, le sarôh, imité de celui que nous donnons, est monté de quatre cordes de boyau et de six cordes mé-

  1. Gustave Chouquet. Le Musée du Conservatoire national de musique, Paris, 1884, p. 206.