Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/325

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bale, ou bien encore une petite barque, ou un tambour plat. Tandis que tout notre travail n’a d’autre but que de reconstituer le chaînon qui relie le violon au premier instrument à archet ayant deux tables, des éclisses, un chevalet, une âme et un manche ; en un mot, à l’instrument contenant tous les principes qui constituent le violon.

Nous pourrions donc nous mettre facilement d’accord avec Fétis ; malheureusement, il ne fonde son opinion que sur des probabilités, et sur trois mots de sanscrit, qui, selon lui, seraient les noms de l’archet primitif en bambou[1]. Or, on sait combien il est facile de faire dire tout ce que l’on veut aux anciennes écritures, et Fétis lui-même avoue ingénuement que la plupart des indianistes auxquels il s’est adressé pour la traduction d’anciens manuscrits « ont décliné cette mission, à cause de l’obscurité des textes[2] ». Après cet aveu, et devant l’absence complète de représentations d’instruments à archet sur les monuments de l’antiquité, nous estimons qu’il est beaucoup plus sage, en attendant la découverte d’un document précis, irréfutable, de s’en tenir à ce que nous avons déjà dit sur ce sujet dans notre introduction.

Le lecteur doit être édifié sur le ravanastron, la kemângeh, le saroh et le rebab, nous n’avons donc pas besoin d’y revenir pour démontrer qu’ils n’ont que l’archet de commun avec le violon. Quant au « rebab-el-moganny », le seul possédant des éclisses, est-il antérieur au crouth ? Qui pourra le dire et en établir la preuve ?

VI

Le nom de « kemângeh roumy », donné à la viole grecque, dont la forme est analogue aux produits de la lutherie euro-

  1. Ibid., t. II, renvoi p. 200.
  2. Ibid., t. II, p. 292.