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d’autre part ; dont par semblant ils furent tous courroucés, et regardoyent l’un l’autre, et ne vouloyent manger, et disoyent qu’on leur vouloit oster leur bon usaige auquel ils avoient esté nourris. Je leur respondy, tout en souriant, pour les appaiser, que leur estât n’estoit point honneste, n’honorable, à estre ainsi comme au-devant ils avoyent fait, et qu’il le leur convenoit laisser, et eux mettre à l’usaige d’Angleterre, car de ce faire j’estoye chargé, et me l’avoit le Roy et son conseil baillé par ordonnance. Quand ils ouïrent ce, ils souffrirent (pourtant que mis s’estoyent en l’obéissance du Roy d’Angleterre) et persévérèrent en celuy estât assez doucement, tant que je fu avecques eux[1]. »

III

Edward Jones, harpiste et crouthiste habile, barde du prince de Galles à la fin du xviiie siècle, a publié deux ouvrages remarquables[2] sur l’histoire des bardes ses prédécesseurs, parmi lesquels figurent deux héros des romans de la Table Ronde, l’enchanteur Merlin[3] et le roi Arthur ou Artus, ce dernier comme barde amateur.

Grâce à de persévérantes recherches, Edward Jones a pu établir cette histoire des bardes d’après des chroniques et des manuscrits remontant jusqu’aux premiers siècles de notre ère.

  1. Froissart. Chron., liv. IV, chap. xliii.
  2. Edward Jones. Musical and poetical relicks of the wels bards, etc., London, 1794. — The Bardic museum of primitive british literature, etc., London, 1802. Ce dernier ouvrage n’est que la suite du premier. Une nouvelle édition complète de Musical and poetical, etc., a été publiée à Londres en 1825.
  3. Il y a eu plusieurs bardes du nom de Merlin au ive siècle. Dans le chant de Merlin-Barde, publié par Hersart de la Villemarqué, dans les Chants populaires de la Bretagne, t. I, p. 109, il est dit :

     « Si tu m’apportes la harpe de Merlin, qui est tenue par quatre chaînes d’or fin ;
    « Si tu m’apportes sa harpe, qui est au chevet de son lit ;
    « Si tu viens à bout de la détacher ; alors, tu auras ma fille… peut-être. »