Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/54

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On verra dans les chapitres suivants que la vièle à archet et les premières violes ont aussi été montées avec des cordes basses indépendantes ou pédales. Appelées vyrdon dans la Grande-Bretagne, ces cordes portaient en France le nom de bourdon, qui est certainement le même mot passé dans la langue romane. Le nom de bourdon a été donné aux cordes basses des instruments à archet, pendant le Moyen Âge et jusqu’au début du xixe siècle ; en dernier lieu, il ne servait plus que pour désigner les cordes filées, qui portent aujourd’hui le nom des notes qu’elles sonnent à vide[1].

Le chevalet du crouth à six cordes étant aussi plat que celui du crouth à trois cordes, et sa caisse de résonance n’ayant pas d’échancrures sur les côtés pour le passage de l’archet, celui-ci devait forcément toucher plusieurs cordes, sinon toutes, à la fois, et par conséquent, produire une harmonie quelconque en raison de l’accord et du doigté.

Edward Jones constate la nécessité de faire entendre l’harmonie de plusieurs cordes lorsque l’on joue du crouth, et dit encore que le crouth à trois cordes était le moins estimé des deux, parce qu’il ne pouvait pas produire une harmonie aussi complète. Il s’exprime ainsi à ce sujet :

« Les joueurs et ménestrels de cet instrument n’étaient pas tenus en la même estime, en le même respect que les bardes de la harpe et du crouth, parce que le crouth à trois cordes n’exigeait par la même habileté et harmonie[2]. »

Une note sur le crouth, lue, le 3 mars 1770, à la Société des Antiquaires de Londres, par Daines Barrington, alors juge des comtés de Caernarvon et d’Anglessey, dans le pays de Galles, et publiée, en 1775, dans les Annales de cette société, vient confirmer le dire de Jones :

  1. Dans sa méthode de violon, publiée en 1756, Léopold Mozart, père de l’illustre auteur de Don Juan, désigne la quatrième corde du violon, le sol, sous le nom de bourdon.
  2. The performers, or Minstrels of this instrument were not in the same estimation and respect as the Bards of Harp and Crwth, because the three stringed crwth did not admit of equal skill and harmony. A Dissert., etc., p. 116.