Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T1.djvu/68

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ment des ouïes le démontrent surabondamment. Il n’y aurait ni cordier, ni chevalet élevé avec un instrument pincé, et un seul trou rond, percé au milieu de la table, fissurerait certainement l’ouïe ; en tous cas, s’il y en avait plusieurs, ces ouvertures n’occuperaient pas la même place que sur la sculpture. Mais la corde unique est encore la preuve la plus convaincante, car il n’a jamais existé, à notre connaissance, de monocorde pincé, lequel n’offrirait aucune ressource.

Absolument semblables, ces trois instruments qui ont presque la forme d’un losange, sont plus élégants et plus gracieux que ceux des manuscrits de Saint-Blaise et de Strasbourg. C’est sans doute pour un besoin décoratif et afin qu’il s’harmonise mieux avec les ornements qui l’entourent, que celui du personnage de droite est un peu plus allongé que les deux autres ; mais il n’en diffère que par ses proportions.

Les ouïes sont conformes au dessin publié par Gerbert et représentent aussi un demi-cercle finement découpé, sauf sur la lyra du milieu, où ce sont des flammes, comme la viole d’amour en aura à la un du xviie siècle.

Le cheviller est également arrondi ; quant au cordier, très primitif, son examen nous montre que l’on ne se mettait pas en frais pour confectionner cet accessoire. Celui qui se voit sur la lyra de droite est simplement fait avec une corde ou une lanière de cuir, doublée et nouée au quart de sa longueur de façon à former deux boucles. À la plus longue de ces boucles est attachée la corde dont est monté l’instrument, tandis que la plus petite s’accroche au bas de la caisse. C’était très rudimentaire, mais bien suffisant pour attacher une seule corde, et il est fort probable que la lyra du ixe siècle avait aussi un cordier fabriqué de la même manière, avec des bouts de corde assemblés ; les torsades dont ce cordier est orné autorisent cette supposition.

Une adhérence complète de la pierre étant indispensable pour maintenir les lyra aux places respectives qu’elles occupent, l’artiste de Moissac s’est trouvé, par suite de ce fait,