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Second Décalogue.

1. En Concertos tu choisiras
Viotti préférablement.
2. Le faible tu n’écraseras,
Afin d’agir honnêtement.
3. Dans le Duo ne chercheras
À briller exclusivement.
4. La sonate tu chanteras
Sagement et correctement.
5. Dans le Trio ne broderas,
L’auteur suivras exactement.
6. À l’orchestre tu ne feras
Que la note tout uniment.
7. Sur toutes clefs transposeras,
Pour accompagner sûrement.
8. En Quatuor ne forceras
Que pour la chambre seulement,
9. Au chef d’orchestre obéiras
Docilement, aveuglément.
10. En public tu ne trembleras,
Ni devant les Rois mêmement[1].

Josepho Puppo (Lucques 1749 — Florence 1827), violoniste habile, et de plus homme d’esprit, se tira d’affaire devant le tribunal révolutionnaire, par ses heureuses réponses aux questions qui lui furent posées :

— Que faisiez-vous sous le tyran ?

— Je jouais du violon.

— Que faites-vous maintenant ?

— Je joue du violon.

— Que feriez-vous si la République avait besoin de vos services ?

— Je jouerais du violon.

Puppo fut non seulement renvoyé indemne, mais il

  1. J.-B. Weckerlin. Musiciana, p. 106 et 107.