Aller au contenu

Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Faits et dits héroïques du bon Pantagruel, qu’il écrivait vers 1550 :

« Panurge, ces mots achevéz, jetta au milieu du parquet une grosse bourse de cuir pleine d’écus au soleil. Au son de la bourse commencèrent tous les Chats-fourréz joüer des gryphes, comme si fussent violons démanchéz[1]. »

L’expression « violons démanchéz » a-t-elle été employée par Rabelais pour traduire l’effet comique que l’on peut obtenir sur le violon,
la mort raclant du violon
Danse du Grand-Bâle (xvie s.)
en traînant les doigts sur les cordes, et par lequel on imite assez bien les miaulements des chats ? Ou a-t-il voulu faire allusion au peu d’habileté des instrumentistes de son temps qui, ne pratiquant que la première position, devaient jouer bien faux lorsqu’ils quittaient le haut du manche pour parcourir toute l’étendue de la touche ? Que l’on interprète cette phrase comme l’on voudra, il n’est pas douteux que le violon était déjà très répandu à cette époque.

On voit la Mort raclant du violon sur un dessin de la Danse du Grand-Bâle, que nous reproduisons ici. L’instrument y est parfaitement dessiné, on peut compter les quatre cordes, seules les ouïes ne sont pas figurées.

C’est aussi sur un violon que racle un ménétrier de village, en Hollande, pour faire danser un petit cochon. Ici les ouïes, en très allongés, existent ; mais il n’y a pas d’échan-

  1. Liv. V. chap xiv.