Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/39

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Le Ballet comique de la Royne fut dédié à Henri III. Sa représentation dura de dix heures du soir jusqu’à trois heures après minuit « sans qu’une telle longueur ennuyast ni depleust aux assistans, tel étoit et si grand le contentement de chacun[1] ».

Les ballets de la Cour n’étaient pas toujours aussi somptueux ; ceux dont les airs furent composés par Chevalier, violon de la Chambre sous Henri IV et sous Louis XIII, semblent être purement comiques, si l’on en juge par leurs titres : le Ballet des enfants fourrés de malice, le Ballet des morfondus, le Ballet des souffleurs d’alchimie et des vieilles sorcières, le Ballet des maîtres de comptes et des marguilliers, le Ballet des chambrières à louer, etc.

On en donna encore de très importants sous Louis XIII, et les violons étaient de la partie soit comme acteurs ou exécutants. Ils ne pouvaient, il est vrai, se trouver en meilleure compagnie, car les plus grands personnages de la Cour figuraient avec eux.

Le Triomphe de Minerve fut donné au Louvre, le 19 mars 1615. Mademoiselle de France représentait Minerve :


« Dans cette mer passoit une musique de tritons qui sonnoit un air sur des hautbois, et après eux venoit encore, en la dicte mer, la musique de la Chambre du Roy, vestue de rozeaux artificiels d’or et de soye, et le reste de l’habit de satin recouvert de clinquant d’or. Cete musique sortoit peu à peu de la mer[2]. »


C’est pendant le carnaval de 1626 que l’on donna la plus curieuse de ces représentations, sous le titre de : les Doubles-femmes, les violons du roi y tirent leur entrée :

« Habillez de sorte qu’ils paroissoient toucher leurs insrumens par derrière ; mais c’est qu’en effet ils avançoient à

  1. Journal de l’Estoile, année 1581.
  2. Mercure françois, mars 1615, p. 9 et suiv.