Page:Grillet - Les ancêtres du violon et du violoncelle, 1901,T2.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Né à Florence, en 1633, Lully[1] fut amené en France, à l’âge de douze ans environ, par le chevalier de Guise, qui le plaça chez Mlle  de Montpensier, où il fut relégué aux cuisines, comme aide-marmiton.

Un vieux cordelier lui avait appris à lire, à écrire et à jouer de la guitare. Très passionné de musique, aussitôt installé dans son nouvel emploi, il se procura un violon, et négligea souvent d’éplucher les carottes et de laver la vaisselle pour l’étudier.


chevalet de violon
d’a. stradivari
Ses progrès furent très rapides, et un jour, le comte de Nogent, qui passait devant les cuisines, l’ayant entendu, le signala à Mademoiselle. Celle-ci, émerveillée de son talent, le fit, comme on disait alors, monter à la Chambre, c’est-à-dire l’admit auprès de sa personne, en qualité de musicien, et pourvut aux frais de son éducation. Il travailla assidûment et devint bientôt supérieur sur le violon.

Un de ses premiers essais, comme compositeur, fut l’air d’une chanson assez méchante sur Mademoiselle, où l’on disait, paraît-il, que cette princesse avait l’habitude, lorsqu’elle se croyait seule dans ses appartements, de faire, ce que P. Larousse appelle dans son Dictionnaire. « un bruit subit et éclatant », mais si éclatant, qu’on l’entendait très distinctement de l’antichambre, et cela pour la plus grande joie des gens de service, et aussi pour celle de Lully, qui en faisait, dit-on, des imitations fort réussies sur son violon.

Cette chanson obtint un grand succès, on la fredonnait

  1. Son nom devait s’écrire Lulli ; mais il adopta en France l’orthographe que nous donnons car c’est celle qui se voit sur ses partitions. On l’appelait familièrement Baptiste.