Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/204

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Cependant l’aventure du Minime m’a réjoui ; elle est d’esprit, et l’Auteur l’a assez bien rendue : car je fais justice sans prévention, et je ne prètens point, quand il verroit cette Lettre, m’attirer son mépris. Je suis sûr que s’il voulait être de bonne foy, il avoueroit que j’ai raison de le reprendre en bien des endroits. Je ne l’estime pas moins pour avoir fait des fautes que la matière exigeait de luy. Il a fait voir par l’Ouvrage qu’il a donné après celui-ci, qu’il est capable de faire mieux ; et qu’il est le maître de se donner de la réputation quand il choisira de bons sujets.

Je doute que la conversation de Chapelle avec Molière sur les Ouvrages de celui-ci soit véritable. Est-il naturel que celui-là rompe en visière à un ancien amy, aussi fortement qu’il le fait dans cette conversation ? Ces deux Amis se querellent sans cesse dans ce Livre ; Molière mésestime toujours Chapelle ; et cependant il ne sçauroit se défaire de l’amitié qu’il a pour luy. Par quel endroit Chapelle faisoit-il donc plaisir à Molière, puisqu’il ne pouvoit s’accommoder de son caractère? Un homme de bon esprit se seroit défait honnêtement du commerce d’un Amy si incommode : mais l’Auteur n’aurait