Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/206

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pris ni l’un ni l’autre parti ; et il a choisi la profession de bel Esprit, dont il s’acquitte avec assez d’applaudissement.

C’est en cet endroit de la Vie de Molière, que les pauvres Comédiens sont accommodez de toute façon. L’Auteur fait faire ici un personnage à Molière d’homme désintéressé et juste ; mais il me semble qu’il pouvoit dissuader le jeune étourdi de prendre sa profession, sans lui en faire voir le ridicule et l’indignité : C’est dit-il, la dernière ressource de ceux qui ne sçauroient mieux faire, ou des libertins qui veulent se soustraire au travail; c’est enfoncer le poignard dans le cœur de vos parens, de monter sur le Théâtre. Je me suis toujours reproché d’avoir donné ce déplaisir à ma famille : c’est la plus triste situation que d’être l’Esclave des fantaisies des Grands Seigneurs ; le reste du monde nous regarde comme des gens perdus, et nous méprise. Molière avait raison de penser tout cela comme homme de bon esprit et de probité : mais il avoit grand tort de le dire, comme Comédien. Et suposé qu’il ait jamais parlé aussi étourdiment, l’Auteur devoit sauver cette peinture mortifiante à une troupe de gens qui ne luy ont rien fait que de le divertir, quand il a voulu