Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/219

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de la Critique, m’a donné des soupçons ; mais ce n’est pas un homme assez du commun pour relever les égaremens d’un petit Auteur.

La Compagnie (c’est ainsi que Mrs les Comédiens appellent leur Corps présentement) n’a point, ce me semble, d’Auteur critique aussi délié que celui qui me reprend.

Le nom du Libraire qui débite ce petit Ouvrage, m’a fait soupçonner qu’une plume acoutumée depuis longtems au travail, auroit voulu à mes dépens procurer quelque petit profit à son Libraire, sous le nom de Molière, qui rapelle assez son Lecteur. Mais le stile de la Critique est aisé ; il n’est point raboteux ; je n’y reconnois point l’Auteur qui m’avoit d’abord causé des soupçons.

J’avoue que je suis dépaysé, j’ignore celui à qui j’ai affaire. À moins que ce ne soit quelque Avocat désœuvré, que j’ai lieu de soupçonner, et qui pour se dédommager de son loisir, n’ait voulu faire connoître au Public qu’il étoit homme de discussion, et de discernement. Mais tel que soit mon Adversaire je lui suis très obligé de tout le bien qu’il dit de moi ; j’ai pourtant remarqué un peu de vivacité dans sa Critique ; et