Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/31

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mauvais Secrétaire. Je divertis le Prince par les spectacles que je lui donne ; je le rebuterai par un travail sérieux, et mal conduit. Et pensez—vous d’ailleurs, » ajouta-t-il, « qu’un Misanthrope comme moi, capricieux si vous voulez, soit propre auprès d’un Grand ? Je n’ai pas les sentimens assez flexibles pour la domesticité. Mais plus que tout cela, que deviendront ces pauvres gens que j’ai amenés de si loin ? Qui les conduira ? Ils ont compté sur moi ; et je me reprocherois de les abandonner. » Cependant j’ai sçû que la Béjart, lui auroit fait le plus de peine à quitter ; et cette femme, qui avoit tout pouvoir sur son esprit, l’empêcha de suivre Monsieur le Prince de Conti. De son côté, Moliere étoit ravi de se voir le Chef d’une Troupe ; il se fesoit un plaisir sensible de conduire sa petite République : il aimoit à parler en public, il n’en perdoit jamais l’occasion ; jusques-là que s’il mouroit quelque Domestique de son Théâtre, ce lui étoit un sujet de