Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/45

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voient, pour juger de cette Pièce comme elles en jugeoient. « Mais que trouvez-vous à redire d’essenciel à cette Pièce ? » disoit un Connoisseur à un Courtisan de distinction. — « Ah parbleu ! ce que j’y trouve à redire, est plaisant, s’écria l’homme de Cour ! Tarte à la crème, morbleu, Tarte à la crème. — Mais, Tarte à la crème, n’est point un défaut, répondit le bon esprit, pour décrier une Pièce comme vous le faites.— Tarte à la crème, est exécrable, » répliqua le Courtisan. « Tarte à Ia crème ! bon Dieu ! avec du sens commun, peut-t-on soutenir une Pièce où l’on ait mis Tarte à la crème ? » Cette expression se répétoit par écho parmi tous les petits esprits de la Cour et de la Ville, qui ne se prêtent jamais à rien, et qui incapables de sentir le bon d’un Ouvrage, saisissent un trait foible, pour ataquer un Auteur beaucoup au-dessus de leur portée. Molière, outré à son tour des mauvais jugemens que l’on portoit sur sa pièce, les ramassa, et en fit la