Page:Griolet - Du mécanisme de la cicatrisation dans les parties molles.djvu/32

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toutes les précautions nécessaires, n’ont pu être soudés.

Que faut-il conclure de ces résultats si opposés ? C’est que le fait est possible, mais qu’en général, et surtout au point de vue pratique, il est extrêmement difficile de l’obtenir.

La possibilité de ce fait vient confirmer la théorie cellulaire, qui, à son tour, peut seule l’expliquer. Dans une partie récemment séparée du corps, la vitalité n’est pas encore éteinte. Des expériences de MM. Vulpian et Philippeau, il résulte que les fibres nerveuses possèdent une propriété physiologique intrinsèque et indépendante de l’effet produit par leur mise en activité. Cette propriété, qu’elles conservent pendant les trois ou quatre jours qui suivent leur séparation du centre nerveux, pourra être mise en jeu par la réunion immédiate de la partie excisée. Mais il est une autre particularité non moins importante, c’est la vie propre, les mouvements indépendants dont les cellules sont douées. Ainsi, quand les deux surfaces sont en contact et que la continuité a été rétablie par l’exsudation lymphatique produite par la surface vivante, les cellules de cette surface en se multipliant organisent la couche d’exsudat plastique, et exercent leur influence sur les cellules les plus proches de la surface opposée. Le réseau capillaire de nouvelle formation qui provient de la partie vivante pourra, en se prolongeant vers la surface du lambeau excisé, y apporter les matériaux de nutrition et y provoquer les courants nutritifs des cellules aux vaisseaux et réciproquement ; en un mot, y faire renaître la vie.

D’après ce mécanisme, il est facile de s’expliquer pourquoi la réunion des parties excisées doit être considérée comme presque impossible. Ainsi, il faut que le lambeau