témoignèrent qu’on en avait mangé une partie du contenu sans prendre même la peine de le délayer dans de l’eau tiède.
Les malheureux insouciants ne tardèrent pas à récolter les fruits amers de leur paresse, de leur malpropreté et de leur négligence pour tout ce qui tient aux soins hygiéniques. Le terrible scorbut se déclara ; nul parmi les réfugiés ne semble avoir connu les moyens thérapeutiques pour le combattre. Le journal qu’ils ont laissé donne un diagnostic poignant de cette cruelle maladie : les malheureux qui en étaient atteints pâlissaient rapidement et, au bout de quelques jours, se sentaient absolument affaiblis ; leur indolence se convertissait en inaction complète ; le moindre mouvement les fatiguait ; puis on voyait leurs gencives se gonfler, devenir rougeâtres et douloureuses ; les dents semblaient ne plus tenir dans leurs alvéoles. C’est alors que sans doute les malheureux malades, sentant la mastication devenir difficile et douloureuse, commencèrent à faire usage des conserves molles. Plus tard les jambes couvertes de plaques rougeâtres ne pouvaient plus supporter le poids du corps ; les vertiges et les palpitations survenaient ; les dents déchaussées tombaient, tandis que les os maxillaires se cariaient et qu’une salivation abondante achevait d’affaiblir les malades.
Le 2 décembre, un premier homme fut attaqué ; le 19, un second se plaignit des premiers symptômes du mal ; le 25, presque tous étaient malades. Jus-