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Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/75

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les explorateurs contemporains.

On se hâta d’organiser le sauvetage et le navire fut amarré solidement à un énorme glaçon entraîné par la débâcle. Le lieutenant Tyson et le météorologiste Meyer se chargèrent de veiller au transbordement sur la glace des provisions qu’on pourrait arracher des flancs du navire ; huit matelots, neuf Esquimaux, dont deux femmes et cinq enfants, Hans, Joë et leur famille se mirent à opérer ce déménagement forcé.

Une telle frayeur et un tel désordre régnaient à bord, que bien des choses précieuses furent jetées si précipitamment qu’elles tombèrent à la mer et furent perdues. Enfin, on mit à flot les deux barques qui restaient au Polaris et les Esquimaux emportèrent leur kayak, léger canot pour un homme seul, fabriqué avec des peaux de phoques cousues ensemble.

Cependant le vent soufflait en tempête et devenait de plus en plus violent. Un coup d’ouragan brisa toutes les amarres qui retenaient le navire le long du banc de glace. Le Polaris, violemment détaché, fut emporté par l’orage et ne tarda pas à disparaître dans la brume, pendant que les malheureux débarqués, voyaient leur frêle abri se briser sous leurs pieds et les disperser de ci, de là, au milieu de ces amas de glaces flottantes. Le lieutenant Tyson se montra digne du commandement que le hasard lui donnait ainsi. Il se hâta de réunir sur le même glaçon tous les malheureux abandonnés et de les recueillir sur les barques laissées par le Polaris. Quand on fut sûr