Polaris, dont tous les efforts devaient tendre à retrouver les malheureux dont l’orage l’avait séparé. Plus tard les naufragés apprirent que le steamer qui leur avait causé cette épouvantable déception était américain et se livrait à la chasse des phoques. C’était l’Aigle, commandé par le brave capitaine Jackmann qui, dans bien des circonstances, avait fait preuve de dévouement et avait déjà sauvé dans ces dangereux parages un nombre considérable de naufragés.
Quand les matelots du Polaris virent qu’il fallait définitivement renoncer à cette suprême espérance, un sombre découragement s’empara de tous les cœurs. Ils s’étendirent pour la plupart sur la neige, résolus à attendre la mort sans lutter davantage. Ils auraient certainement succombé ainsi jusqu’au dernier, car tout ressort était détendu, toute espérance éteinte, tout courage abandonné.
Tout à coup Hans et Joë, qui seuls tentaient de lutter encore et n’avaient pas abandonné la partie, signalèrent à l’horizon la présence d’une autre voile.
Cette fois, l’abandon de soi-même était si complet, si universel, que personne ne voulut se lever et concourir à faire des signaux, la plupart refusèrent même de s’assurer par leurs yeux de la présence du navire en vue.
Hans alors prit son léger kayak sur ses épaules et le mit à flot, s’enchassa dans l’ouverture, qui vint le prendre à la ceinture et former un obturateur garantissant le frêle esquif contre tout envahisse-