Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/104

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Les vieilles femmes en habit blanc marchaient à la tête des groupes. Sur des fléaux, les hommes portaient en double-charge pesante des bananes, des goyaves, des oranges, l’arec et le bétel, le tabac, des poissons grillés, des gâteaux faits de coco et d’œufs, ou de riz gluant ou de haricots et de graisse de porc roulés dans des feuilles de bananier. Il y avait encore du sucre de palmé dans des compotiers de bronze, des fleurs blanches et roses de lotus, des paquets de baguettes parfumées.

Les femmes étaient vêtues de leurs plus beaux sampot qui bruissaient et gardaient encore les plis du coffre. Les enfants s’ornaient d’atours ridicules, mais les jeunes filles, d’écharpes brillantes. On voyait des hommes en sampot rose ! Et je ne saurais mieux comparer ces groupes multicolores qu’à des grappes de fleurs et de fruits jetées parmi les pierres.

C’est par l’intermédiaire des bonzes et de leurs prières, que les morts peuvent en ce jour de fête, goûter aux aliments que leur apportent leurs familles. Tandis que les prêtres psalmodiaient à l’unisson, les femmes courbées remplissaient de grandes marmites disposées autour d’eux. Le riz