Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/126

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d’un vaste cornet d’étoffe rouge. Les chœurs se disposèrent comme il convient, et puis l’orchestre. Et le spectacle commença.

Toutes menues dans leur luxe illusoire, un peu gênées par leurs vêtements surannés, mais sous la tiare aiguë étincelante, ces enfants prirent leurs poses d’idoles. Ainsi, en France, voyons-nous dans les provinces, des danseuses en jupes roses. Il y a toujours en elles un à peu près mélancolique. Mais lorsque nous sommes de petits enfants, notre esprit inexpert ne sait pas distinguer cela. Nous nous extasions aux jeux du cirque, dont l’écuyère nous semble une princesse.

Or, si un peuple, malgré sa vieillesse et ses vicissitudes, garde en face de ses fêtes et de ses légendes, des yeux et une âme d’enfant, c’est bien le peuple cambodgien. Les clinquants, les velours désuets, quelques paillettes luisant encore semblent pleins de magnificence. Pour l’habitant des forêts, pour ses regards qui fouillent sans relâche la boue des rizières, un morceau de fer-blanc dans une rare nuit de fête prend l’éclat du diamant, inconnu et cité seulement dans les histoires fabuleuses.

Eh bien, cette danse, institution centenaire,