Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/131

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nce des entrées et du sanctuaire, l’ampleur du panorama font que cette heure mouvante est réglée chaque jour comme une féerie.

Tout d’abord, les douves et les herbes flottantes rentrent dans l’ombre, alors que sur l’autre rive, tout l’ensemble du temple, isolé par ce premier plan d’ombre, flamboie. Puis, comme une fantasmagorie, chaque plan s’éteint successivement.

A cette époque, le ciel est toujours chargé, le soir, de nuages sombres aux formes figées qui renvoient d’étranges réverbérations. Des cigognes tournoient, et c’est presque l’instant où un autre nuage, mais celui-ci opaque, bruissant, noir, s’élancera des tours : les chauves-souris.

Sur les dalles bouleversées, les indigènes contemplent l’apothéose. Leurs écharpes brillent. Et tandis qu’ici, c’est presque la nuit, sa douceur et son rêve qui commencent ; là-bas, en contraste, c’est encore le rouge ruissellement.

Les grelots des buffles tintent et les énormes bêtes à l’air farouche se rassemblent paisiblement sous la conduite d’un enfant nu. Sur la berge, des femmes se baignent. Les étoffes mouillées collent