Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

grossièrement percés à leurs extrémités de deux trous détruisant les sculptures, dans le but évident de dégager les fers d’ancrage dont il ne reste plus que les mortaises.

Il en est de même partout. A Angkor Vat, dont l’état de conservation est relativement parfait, les chercheurs de fer ne renversèrent pas les voûtes. Mais on voit, et toujours sans exception, de vastes trous creusés en entonnoir dans les chéneaux, au-dessus de chaque joint de l’architrave, c’est-à-dire au-dessus de chaque colonne. Au fond, il n’y a plus que la trace du crampon. On retrouve ces mêmes déprédations dans tous les paliers des escaliers du temple. Les tenons atteignant alors les proportions imposantes de trente-cinq centimètres de long, douze de large et quatre d’épaisseur, leur poids devait dépasser dix kilos.

Voilà donc un des mobiles de la dévastation récente des vieux temples. Si l’on veut un compte du gain qu’elle procura ici, on peut aisément l’évaluer. D’après les mortaises de Beng Méaléa, nous avons affaire à des crampons de deux ou trois kilos. Le scellement exigeait à peu près le même poids de plomb. La colonnade compte deux cent douze colonnes. Ce qui fait six cent trente-six kilos