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Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/186

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et Gaspard l’étaient d’or, d’encens et de myrrhe. Ils passèrent et disparurent.

Ah ! qu’on coure après les mages qui viennent de passer ! Ils ne peuvent être loin. Qu’on les ramène. Qu’on aille au village proche chercher une jeune mère au sein lourd et qu’elle vienne avec son nouveau-né. Elle n’aura pas les longs voiles légendaires ni l’anneau de lumière autour du front, mais qu’importe ! Vous, accrochez des torches à ces pilons et préparez la crèche. Groupez-vous en cercle et que les lumières jouent sur vos faces et vos épaules.

Voilà l’enfant. Femme, mets là ce petit. De son haleine, le bœuf a tiédi la paille. Pose ton or à terre, vieux Melchior. Balthazar, brûle un peu d’encens. Et toi, Gaspard, verse la myrrhe sur les petits pieds de l’enfant. Et tandis que dans des fêtes solennelles, cent pays adorent et chantent l’Enfant divin, nous, perdus dans la nature, le silence et la nuit, contemplons cette humble réalité, à laquelle il faut si peu d’illusions pour qu’elle nous semble un rêve.